Le 163e RI dans la Meuse
(du 25 septembre 1914 au 30 décembre 1914)
 
Combats de Bouconville et du Bois de Géréchamp (du 26 septembre au 11 octobre 1914)
 

Y étaient :

  • Gabriel MICHEL de Vinon (163ème RI), est tué le 27 septembre 1914 à Loupmont (Meuse).
  • Joseph JULIEN de Nans (163ème RI), est tué à l'ennemi le 28 septembre 1914 à Xivray-et-Marvoisin (Meuse).
  • Emile JOUVEN de Vinon (163ème RI), est tué le 28 septembre 1914 à Xivray-et-Marvoisin (Meuse).
  • Louis GARCIN de Rians (163ème RI), est porté disparu le 28 septembre 1914 à Xivray-et-Marvoisin (Meuse).
  • Martial GILLET de Saint-Julien-le-Montagnier (163ème RI), est tué le 3 octobre 1914 à Loupmont (Meuse).
  • Gabriel CAILLOL de Saint-Maximin (163ème RI), est tué à l'ennemi le 3 octobre 1914, dans le bois de Loupmont (Meuse).
 
 

Le 24 septembre, les 1er, 3e et 4e Bataillons sont dirigés par voie de fer de Chatel-sur-Moselle à Toul.

Le 2e Bataillon reste sur place en ligne et ne rejoindra au sud de Bouconville que le 1er octobre.

De Toul, les 3 Bataillons montent aux avant-postes dans la région de Bouconville.

Nos positions, le 26 septembre au matin, sont les suivantes:
- le 1er Bataillon tient Bouconville.
- les 3e et 4e Bataillons sont disposés en colonne double au sud de Raulecourt.

Bouconville est violemment bombardé par de l'artillèrie lourde.

A la pointe du jour, le 163e reçoit l'ordre d'attaquer. Direction générale: Loupmont-Heudicourt. Le temps est maussade et pluvieux. Le bombardement est intense de part et d'autre.

Au signal convenu, les vagues s'avançent baïonnette au canon, L'ennemi résiste fortement. Nos baïonnettes ont cependant raison de l'obstacle vivant. Notre avance est lente mais sûre. Maints points particulièrement défendus sont contournés. Nous arrivons le soir aux abords de l'étang de Vargevaux: le sol y est détrempé. On est dans l'eau mais on avance toujours.

A la faveur de la nuit, nous progressons encore et le lendemain matin, 28 septembre, nous tenons le sud du Bois de Géréchamp et Hautes Chairrières. L'ennemi est solidement retranché dans le bois. Nous nous heurtons aux fils de fer et à une fusillade nourrie.

Nous utilisons le terrain sur place pour reprendre haleine et reformer les vagues qui ont subi des pertes extrêmement sensibles.

Après quelques heures de répit, le 29 septembre, à la pointe du jour, l'offensive continue sur tout le front.

Le 1er Bataillon parvient à prendre pied dans la corne sud-ouest du bois des Hautes Chairrières. Le 3e Bataillon arrive à l'ouest du Bois. Nous progressons les jours suivants et nous maintenons sur les lignes conquises malgré les contre-attaques de l'ennemi.

Nos pertes pendant ces 3 jours (du 26 au 29 septembre) sont de :
- 7 officiers tués,
- 8 officiers blessés,
- 169 hommes tués,
- 428 hommes blessés.

Le 11 octobre nous recevons l'ordre d'attaquer le Bois de Géréchamp. Ordre de Bataille: 2e Bataillon en tête, 4e Bataillon en soutien, 1er et 3e en réserve.

A 4 h. du matin, au signal convenu, l'attaque est déclanchée.

Les tranchées allemandes sont à 300 mètres des nôtres en arrière de la lisière du bois.

Les 6e, 7e et 5e Compagnies font un bond -en avant de 100 mètres. Elles sont obligées de s'arrêter un moment pour reprendre haleine car une fusillade très intense leur cause de grosses pertes.

Les Compagnies regroupées repartent malgré le feu de l'ennemi.

La Se Compagnie est à moitié décimée. Le Capitaine Millot qui la commande, sentant une fatique extrême chez ses hommes, les harangue en quelques mots pleins de feu et les fait bondir à la baïonnette, lui en tête, jusqu'au pied de la tranchée ennemie.

Arrivé là, hélas! un réseau inextricable de barbelé de 20 mètres de largeur arrête son élan!

Le brave capitaine tombe à ce moment mortellement atteint.

La Compagnie devant l'obstacle et le feu est obligée de se replier sur ses positions de départ, ainsi que les deux autres compagnies.

Le mouvement se fait dans un ordre parfait.

Cette attaque dirigée par le Capitaine Aulois, commandant provisoirement le Bataillon, bien que préparée selon l'avis du Colonel, avec un soin judicieux et méthodique, bien que menée avec la plus extrême vigueur, et le plus grand sangfroid par les Commandants de Compagnie, s'était brisée contre un obstacle formidable.

Le Lieutenant-Colonel du Régiment a rendu hommage au dévouement et à la vaillance du 2e Bataillon et dans un Ordre du Régiment l'a chaleureusement félicité pour son heroïque conduite.

Dans ce combat qui dura moins d'une heure nos pertes ont été de :
- 1 officier tué,
- 76 hommes tués,
- 230 hommes blessés.

En 15 jours (du 26 septembre au 11 octobre inclus) nos pertes ont été de :
- 9 officiers tués,
- 12 officiers blessés,
- 295 hommes tués,
- 1 322 blessés, quelques disparus.

 
La guerre des tranchées (du 11 octobre au 30 décembre 1914)
 

Y étaient :

  • Théodore BOURRISSON de Barjols (163ème RI) est tué le 19 octobre 1914 à Xivray-et-Marvoisin (Meuse).
  • François AGNEL de Pourrières (163ème RI), mort de ses blessures le 1 décembre 1914 à Jouy-sous-les-Côtes (Meuse).
 

Après la Bataille de la Marne, après cette première période de guerre de mouvement, les armées cherchèrent à se retrancher en prévision de l'hiver.

Ce fut la première période de la guerre de Tranchées.

Cette période relativement calme pour les journaux qui ne trouvaient rien de sensationnel à enregistrer, fut parfois très pénible et aussi dure que les grands combats.

Donnons, en passant, quelques considérations sur notre vie aux tranchées pendant ces six mois d'hiver.

Voici la pluie, d'abord Pluie d'octobre et de novembre, pluie presque continuelle qui nous oblige à vivre dans l'eau et la boue jusqu'à mi-jambes, parfois jusqu'à mi-cuisses.

Puis c'est la neige, le froid: période des pieds gelés, période où l'on vit sans feu à des températures qui auraient été meurtrières en temps de paix.C'est la vie des «cagnas» dans les boyaux, cagnas pourries par l'humidité contenant une paille vieille d'un siècle, semble-t-il, et pleine de vermine

Les «totos» ont tenu dans la guerre plus de place qu'on ne penser Quant aux rats ! on n'en a jamais tant vus ! des rats énormes qui s'avançent en groupes serrés le soir pour grignoter le biscuit dans la musette du poiliî ; des rats qui passent sur le corps, sur le visage pendant le sommeil ou plutôt l'assoupissement (car on ne dort jamais que d'un œil aux tranchées) et qui font sursauter de dégoût; des rats par centaines, par milliers presque. On aurait dit qu'ils étaient créés pour empêcher le poilu de se reposer.

La guerre de tranchée n'est pas seulement une guerre contre les rats et la vermine !

C'est aussi la guerre de sapes et de mines, celle où l'on entend pendant la nuit des coups de pioche dans le sol, celle où l'on se dit toujours : « Est-ce pour aujourd'hui ou pour demain?-» C'est la guerre aux machines infernales, aux charges souterraines d'explosifs qui vous font sauter un beau soir en transformant le sol en vastes entonnoirs C'est la guerre aux grenades, aux bombes, aux terrifiants minen!

Ce sera dans quelques mois la guerre des gaz asphyxiants et des liquides enflammés.

Malgré tout, on passe de bons moments aux tranchées.

Par temps calme on se distrait au moyen de jeux les plus divers. C'est le petit train-train d'une vie de bohème avec ses mille joyeux incidents. Mais à la moindre alerte, on se trouve prêt. On se rend compte de la grandeur du devoir qui nous incombe. On sait que la tranchée c'est la ligne que l'ennemi ne doit pas franchir, c'est la ligne qui permet à tous ceux qui sont derrière, à toute la France d'être en sécurité.

Et, la nuit comme le jour, l'œil figé dans son créneau, la sentinelle est toujours aux aguets. Qu'il pleuve ou vente, qu'il canonne ou mitraille, le poilu reste à son poste jusqu'à ce qu'il soit tué sur place et qu'il soit remplacé par un camarade.

Pendant cet hiver on s'organise fortement. Le poilu prend la garde, mais il place aussi du fil de fer dans ses moments de loisir; il creuse des tranchées, des boyaux; il construit des cagnas. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même surtout dans cette circonstance.

Il ne se passe guère un jour sans patrouille, reconnaissance ou coup de main de part et d'autre. Le bombardement est à peu près quotidien.

Le 11 novembre, les 3e et 4e Bataillons du 163e avec deux autres bataillons du 157e forment un nouveau régiment qui, sous le commandement du Chef de Bon Quenaidit, est mis à la disposition du Général de Division. Ces deux bataillons sont envoyés en Belgique, où ils débarquent le 11 novembre à Poperinghe.

Les 1er et 2ème Bataillons restent dans le secteur jusqu'à la fin de l'année.

Les 4 Bataillons ne seront regroupés au sein du 163ème RI que le 1er Janvier 1915, en Woëvre, après la campagne de Belgique.

Du 11 octobre au 11 novembre, nos pertes ont été de :
- 37 tués
- 125 blessés.