Le frontstalag n°150
Saint-Florentin et Auxerre (Yonne)
 
 

Lors de l’invasion de la France en juin 1940, les Allemands ont fait un nombre considérable de prisonniers de guerre, évalué pour toute la France à environ 1,8 million. L’une des conditions de l’armistice accepté par la France leur imposait de rester sous la domination de l’Allemagne jusqu’à la paix. Il est difficile à apprécier de façon précise le nombre des prisonniers de guerre français détenus dans l’été 1940 sur le territoire de l'Yonne. À Sens, plusieurs camps regroupent au moins 10 000 prisonniers ; à Auxerre, plus de 11 000 prisonniers sont répartis dans trois camps principaux ; des prisonniers de guerre sont entassés parfois dans des églises, comme à Sens, ou à Vézelay, dans la basilique. Des camps plus ou moins improvisés et éphémères sont ouverts à Tonnerre, en plein champ près de la voie ferrée, à Saint-Florentin, à Cravant, à Joigny, à Pont-sur-Yonne, et sans doute ailleurs encore. On peut évaluer le nombre de ces prisonniers entre 25 000 et 30 000 au moins.

Au total, près de 11 000 prisonniers de guerre, donc sans doute plus du tiers de leur effectif dans l’Yonne, sont retirés des camps de prisonniers allemands du département et affectés dans l’été 1940 dans des « équipes agricoles » ou « forestières ». Ils vont largement contribuer à la réussite des récoltes de l’été 1940. Cela ne va pas sans poser quelques problèmes : des cultivateurs se plaignent que les hommes qu’on leur a envoyés ne connaissent rien à l’agriculture et à la conduite des attelages, et ne leur sont par conséquent que d’une bien faible utilité. Par ailleurs, une fois les moissons terminées, certains cultivateurs demandent qu’on les débarrasse de cette main-d’œuvre devenue plus coûteuse qu’utile puisqu’il leur faut la nourrir. D’autres, au contraire, auxquels on a retiré ces prisonniers après la moisson, en réclament pour les gros travaux de labour de l’automne. Certaines catégories de prisonniers, telles les agents de la SNCF, certains fonctionnaires, les boulangers et les bouchers, ainsi que les agriculteurs et les ouvriers agricoles, bénéficient de congés de captivité leur permettant de retrouver leurs foyers.