Des Dominicains ayant séjourné au couvent de
Saint Maximin

 
Alcide LATASTE (1832-1869)
 
Alcide Lataste est né à Cadillac sur Gironde le 4 septembre 1832.
C'est à l'âge de vingt cinq ans, qu'Alcide Lataste prend la décision de répondre à un appel au sacerdoce qu’il portait depuis son enfance et entre au noviciat dominicain de Flavigny, le 4 novembre 1857.
Ses premières années dominicaines sont marquées par la maladie, qui le tiendra toujours un peu à l’écart des autres frères et de leurs activités. En 1860, au couvent de Saint-Maximin, il fait une expérience spirituelle majeure, à l’occasion du transfert des reliques de sainte Marie-Madeleine. « Baisant cette tête autrefois avilie, aujourd’hui sacrée, je me disais : il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ; qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour… ». A l’issue de ses études, il est ordonné prêtre le 8 février 1863 et assigné au couvent de Bordeaux.
Avec l’aide de Mère Henri-Dominique qui s’est engagée à ses côtés dans ce projet, le père Lataste fonde la maison de Béthanie le 14 août 1866.
C’est à la maison de Béthanie de Frasnes le Château (Doubs) qu’il meurt le 10 mars 1869, entouré d’une communauté de sœurs déjà nombreuse et qui se développera rapidement par la suite.
 
Marie-Joseph LAGRANGE (1855-1938)
 

Albert Lagrange est né le 7 mars 1855 à Bourg-en-Bresse.
Après des études de droit, il entre en 1878 au séminaire d’Issy puis chez les dominicains à Saint-Maximin où il prit le nom de frère Marie-Joseph. Ordonné prêtre en 1883, il est chargé d’enseigner la philosophie et l’Écriture sainte à Toulouse. En 1888, il est détaché à Vienne (Autriche) pour y étudier les langues orientales puis en février 1890 envoyé à Jérusalem, à la mission de Saint-Étienne, afin de fonder une école d’Écriture sainte.
C’est à Jérusalem que se déroule principalement sa carrière scientifique, vouée à l’enseignement et à la recherche. Il crée d’abord l’École pratique d’études bibliques au couvent de Saint-Étienne puis fonde en 1892 la Revue biblique et, en 1900, la collection des Études bibliques.
Cependant les progrès des études du texte saint soulevaient les passions dans certains milieux catholiques. En 1897, la communication qu’il fit à Fribourg à un Congrès international sur les sources du Pentateuque suscita des polémiques.

Léon XIII lui accorda toujours sa confiance mais le pontificat de Pie X apporta un changement brutal. Le Père Lagrange décide alors de renoncer à ses travaux sur l’Ancien Testament et de se borner à l’étude des Évangiles. En 1912, le père jésuite Louis Fonck, un de ses principaux détracteurs, établit à Jérusalem une succursale de l’Institut biblique de Rome. Le Père Lagrange regagne la France, où il avait été nommé en 1903 membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et avait reçu en 1906 le prix Saintour pour ses Études sur les religions sémitiques.
Au lendemain de la Grande Guerre, les liens se resserrèrent entre l’Académie et l’École qui devint à la fois soumise à la juridiction des Frères Prêcheurs et reconnue par le gouvernement français qui confie à l’Académie le contrôle de son organisation scientifique. En 1920, elle devient l’École biblique et archéologique française.
Le Père Lagrange revient alors à Jérusalem. Les séquelles de la crise moderniste demeurent virulentes, mais Pie XI considére avec bienveillance l’œuvre du couvent de Saint-Étienne.
Le Père Lagrange, lui, avait quitté Jérusalem en 1935, à l’âge de 80 ans. Il s’éteignit à Saint-Maximin trois ans plus tard, le 10 mars 1938. Sa dépouille est transférée dans la basilique Saint-Étienne de Jérusalem en 1967.
 
Joseph-Marie PERRIN (1905-2002)
 
Né à Troyes en 1905, Joseph-Marie Perrin perd la vue à l’âge de onze ans, mais continue toutes ses études en braille avec ses camarades "voyants".
Il entre au noviciat des dominicains, à Saint-Maximin, en 1922, et il est ordonné prêtre, avec dispense de Pie XI, en 1929.
Affecté au couvent de Marseille, le Père Perrin exerce des ministères variés : auprès de moniales et des religieuses, d’étudiantes et de Jacistes. Il anime des cercles œcuméniques et judéo-chrétiens.
Dès l’armistice de 1940, il aide des Juifs traqués et des réfugiés. Simone Weil vient le voir en 1941, et c’est le début d’une grande amitié et d’un riche dialogue.
Nommé supérieur du couvent de Montpellier en 1942, le Père Perrin est arrêté par la Gestapo en 1943, à cause de son action en faveur des Juifs. Relâché puis menacé à nouveau, il doit se réfugier à Aix-en-Provence jusqu’à la fin de la guerre.
Frappé par les immenses besoins du monde, le Père Perrin se donne de plus en plus au service des laïcs, leur rappelant que l’appel à la sainteté s’adresse à tous, sans exception.

Il est à l’origine , avec Juliette Molland, en 1937, d’un mouvement de laïcs, Caritas Christi, devenu international, ce qui l’amène à voyager et à prêcher dans le monde entier. Cet institut séculier regroupe plus d’un millier de laïcs. Une association sacerdotale et des fraternités laïques ont également vu le jour.
Chez les Petites Sœurs des Pauvres de Mazargues, où il vivait depuis quelques années, le Père Perrin était toujours "serviteur de l’amour", accueillant ses nombreux amis, écoutant, dialoguant.
Le père Joseph Marie Perrin est décédé le 13 avril 2002.

 
Raymond Leopold Bruckberger (1907-1998)
 
Fils d'un ingénieur autrichien et d'une auvergnate, il est né à Murat dans le Cantal le 10 avril 1907.
Il vit une jeunesse difficile, avec l'emprisonnement de son père, interné comme un dangereux suspect, car il n'avait pas cru indispensable de devoir changer de passeport avec le siècle.
Repris après une évasion ratée, les biens familiaux, mobilier compris, sont mis sous séquestre, ce qui contraint la famille à vivre de charité.
Il traverse une période particulièrement difficile qu'il décrit par un seul mot : " La faim ! Mon ventre criait famine. Mon esprit criait famine. Mon cœur criait famine ! "
A vingt-deux ans, Raymond se sent attiré par la fonction évangélique des Frères Prêcheurs.
Il rejoint l'ordre des Dominicains en 1929 au couvent de Saint-Maximin.
En raison de son énergie sagace et de sa combativité conviviale on lui confie à lâge de 29 ans, dès son lectorat, la rédaction de la " Revue thomiste ", revue dans laquelle il publie en 1937, sa thèse: Métaphysique.
En 1938, il est salué par Georges Bernanos comme un « jeune moine prédestiné au cœur d'enfant et de poète ».
Après dix ans de vie conventuelle, études comprises, il obtient de ses supérieurs en 1939 l'autorisation de servir.
Il fait son service militaire au 81e Régiment d'Infanterie à Montpellier, se retrouve sergent-chef au 3e Régiment d'Infanterie Alpine pendant la Drôle de guerre, puis rejoint en mars 1940 le corps franc de Darnand.
Blessé près de Chantilly, prisonnier de guerre, il s'évade grâce au concours d'un père jésuite, mais, plutôt que d'abandonner un compagnon d'évasion, renonce à insister pour obtenir l'asile dans un couvent dominicain, passe à Dijon en zone libre grâce au chanoine Kir, et retrouve Darnand à Nice, également évadé.
Refusant de prêter serment d'allégeance au régime de Vichy, il est attiré par l'action du général de Gaulle, et il s'engage tout naturellement dans la résistance.
Arrêté par la Gestapo, en 1942, il échappe à l'exécution grâce à son ami Darnand devenu pourtant son adversaire acharné, mais fait néanmoins cinq mois de prison. Dès sa libération, il prend le maquis dans le Vivarais, où il fréquente Albert Camus. Il fait également connaissance avec Robert Bresson, avec qui il réalise, en collaboration avec Jean Giraudoux, Les Anges du péché.
Sur les instances du général de Gaulle, la Résistance veut se doter d'un aumônier général. Alexandre Parodi nomme alors Bruckberger aumônier des Forces Françaises de l'Intérieur.
Le 19 août 1944, c'est en cette qualité qu'il accueille, sur le parvis de Notre-Dame, à la place d'un cardinal Suhard médusé, le général de Gaulle.
Magnanime autant que lucide, il prend parti contre l'épuration, obtient du général de Gaulle une douzaine de grâces et assiste sept condamnés devant le poteau d'exécution. Joseph Darnand ne veut pas signer une demande de grâce et Jean Bassompierre voit son recours refusé par le nouveau président de la République. Si le père Bruckberger intercède ainsi en faveur de miliciens qui l'ont combattu et qu'il a combattus si âprement, c'est qu'il ne croit guère dans la justice humaine, et pas du tout dans la justice des vainqueurs. L'aumônier général de la résistance pour la région parisienne se rend tous les matins dans la cellule du condamné à mort pour y dire la messe. Darnand est fusillé à 48 ans au fort de Châtillon. Bruckberger est alors âgé de 38 ans. Les veuleries, trahisons, inconstances et vengeances dont il fut le témoin courroucé auraient cependant déjà pu, voire dû, le guider vers quelque retraite sceptique ou stoïcienne de philosophe désabusé. Il n'en fait rien. Bien au contraire.
Après la guerre, décoré de la médaille de la Résistance avec rosette, le père Bruckberger hante Saint-Germain-des-Prés de sa silhouette caractéristique et devenue très familière aux Parisiens. On peut l'y croiser en compagnie de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. C'est l'époque où il dénonce à la fois l'influence du parti communiste, mais aussi l'action des catholiques sociaux autour du Mouvement républicain populaire issu de la Résistance.

Ses engagements amènent les autorités ecclésiastiques à l'affecter dans l'Atlas Saharien, à Ain Sefra (Maroc), où il devient aumônier de la Légion étrangère. Cet éloignement de la France met d'ailleurs fin à la revue Le Cheval de Troie, créée par lui un an auparavant et dirigée depuis son couvent de Saint-Maximin.

Le 13 mai 58, il traverse le détroit de Gibraltar, pour revenir en France, où son statut d'assigné extra conventum permet de garantir, aux yeux du nouveau président de la République Charles de Gaulle, un vernis de légitimité. Il prend sa retraite en 1962. Il collabore alors régulièrement à L'Aurore, et au Figaro Magazine.
En 1985, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, dans la section de philosophie, sur le siège que Raymond Aron avait hérité en 1963 de Gaston Bachelard..
Le Révérend Père Bruckberger âgé de 91 ans décéde à Fribourg, le 4 janvier 1998.
 
Jacques LOEW (1908-1999)
 
Jacques Loew, fils unique d’une famille anticléricale de la bourgeoisie niçoise, est né en 1908. Il «monte» à Paris étudier le droit pour devenir avocat, mais la tuberculose l’oblige à quelques années de sanatorium en Suisse, au cours desquelles il lit les Évangiles et découvre la figure du Christ. À 24 ans, lui qui se disait «complètement athée» reçoit l’immense et magnifique certitude de Jésus», comme il l’expliquera dans un livre d’entretiens.
De retour à Paris, il fréquente le couple rayonnant de Stanislas et Aniouta Fumet, qui l’initient à un christianisme intelligent et ouvert. Ayant définitivement donné sa confiance à Dieu, il entre chez les dominicains « avec l’idée de prêcher le Rosaire » et fait son noviciat à Saint-Maximin (Var). «Pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance», écrira-t-il sur son image d’ordination sacerdotale en 1939.
À la demande du dominicain Louis-Joseph Lebret, Jacques Loew devient secrétaire du centre Économie et humanisme et, constatant l’éloignement de l’Église des dockers du port de Marseille, décide de partager leur travail et leur vie. Dès 1941, il devient le premier prêtre à travailler comme ouvrier – l’appellation «prêtre-ouvrier» ne viendra que plus tard –, puis publie une enquête sur Les Dockers de Marseille (1943), qui sera à l’origine d’une loi améliorant leurs conditions de travail.
Le Père Loew reste ainsi engagé pendant douze ans auprès des manutentionnaires marseillais, attentif, avec l’aide de Madeleine Delbrêl, à ne pas confondre évangélisation ouvrière et engagement dans la lutte des classes… jusqu’à la décision romaine de mettre un terme à « l’expérience des prêtres-ouvriers » (1954).
« Le problème de l’incroyance des masses ouvrières n’est pas résolu pour autant. Où donc ces hommes, qui n’ont pour le prêtre et l’Église que mépris, rencontreront-ils le Christ, pauvre et ami des petits ? », écrit le dominicain à son supérieur général, au lendemain de son arrêt de travail.
Dès 1946, il se voit confier la paroisse de La Cabucelle (banlieue de Marseille), puis celle de Port-de-Bouc (étang de Berre) où, avec plusieurs jeunes laïcs et prêtres, il lance les bases de ce qui deviendra la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP).
Au bout de neuf ans, le prêtre français, avec quelques équipiers, part au Brésil (1963-1969) pour faire naître, dans la banlieue industrielle de São Paulo, de petites communautés rassemblées autour de la Parole.
Nouveau tournant en 1968, lorsque le P. René Voillaume (fondateur des Petits Frères de l’Évangile) lui propose de créer une école de formation pour certains membres de son institut. L’idée d’une École de la foi est lancée et Fribourg (Suisse) choisi comme lieu d’implantation.
A 85 ans, il se retire d’abord à Cîteaux, puis à Tamié et, enfin, à Échourgnac où il décède en 1999.

 
Jean BOTTERO (1914-2007)
 

Jean Bottéro est né le 30 août 1914 à Vallauris où son père était potier.
Il entre au petit séminaire de Nice avant d'entamer son noviciat au couvent dominicain de Biarritz en 1931. Il prend l'habit en 1932 et vit au couvent de Saint-Maximin, où il s'intéresse à la théologie et à la métaphysique. Il est distingué par le père Marie-Joseph Lagrange, le fondateur de l'Ecole biblique de Jérusalem, qui discerne sa vocation à l’exégèse et à l’archéologie.
Il enseigne la philosophie grecque, l'hébreu puis l'exégèse biblique à Saint-Maximin, mais est suspendu alors qu'il refuse de créditer la Genèse d'un certificat d'historicité. Il s'installe alors dans un couvent dominicain parisien, poursuit ses recherches par l'étude de l'akkadien et traduit avec René Labat le Code de Hammurabi.

Interdit de retour à Saint-Maximin, où sa présence est considérée comme "un danger pour les jeunes", Bottéro intègre le CNRS en qualité de chercheur en 1947, il y reste jusqu'en 1958.
Entre temps il est contraint de demander sa "réduction à l'état laïque".
Il participe à des fouilles au Proche-Orient avant de devenir directeur d'étude à l'École Pratique des Hautes Études de Paris (Section des sciences philosophiques et historiques, chaire d'assyriologie).

Ses publications scientifiques lui confèrent une renommée internationale de premier plan que viendront appuyer des ouvrages de référence comme Naissance de Dieu : la Bible et l'historien, Mésopotamie : l'écriture, la raison et les dieux ; Lorsque les dieux faisaient l'homme : mythologie mésopotamienne, ainsi que sa traduction de l'Épopée de Gilgamesh.

Il est décédé le 15 décembre 2007 à Gif-sur-Yvette, commune située à vingt-quatre kilomètres au sud-ouest de Paris

 
Jean CAPELLADES (1920-1995)
 

Jean Capellades est né à Perpignan, le 9 juin 1920.
Dès 1934 il entre dans les scouts dont il deviendra l'aumônier.
Pendant la guerre il se distingue en raison de ses activités dans la Résistance aux côtés du père Robert de Biennassis.
C'est après la Libération qu'il prend l'habit de Dominicain au couvent royal de Saint Maximin.
En février 1954, avec le Frère Maurice Cocagnac, il prend la direction de la revue L’Art sacré, qu'il conserve jusqu'à l'arrêt de la publication en 1969 .
Après avoir quitté les ordres il prend sa retraite à Versailles où il décède vers 1995.

 
Jean CARDONNEL (1921-2009)
 
Jean Cardonnel est né à Figeac, dans le Lot en 1921.
Après avoir entamé des études de philosophie et lettres à l'Université de Montpellier, il entre en 1940 chez les Dominicains où il étudue pendant 7 ans la théologie et la philosophie.
En 1947 il est ordonné prêtre et rejoint le Couvent de Saint Maximin en qualité de professeur théodicée et théologie fondamentale. Il y séjourne trois ans, puis rejoint le couvent de Marseille où il est nommé supérieur.
C'est à Marseille qu'il proteste contre la peine de mort pour les Rosenberg et soutient le projet des prêtres ouvriers. Mais en 1954, le maître général de l'Ordre vient en France pour condamner l'expérience des prêtres ouvriers. Jean Cardonnel démissionne alors de ses responsabilités de supérieur.
Pendant deux ans il travaille au siège de la revue "Économie et humanisme", puis en 1956 il devient aumônier de la cité universitaire de Paris.

En 1958, il est nommé au couvent de Montpellier en qualité d'aumônier de l'Ecole normale. Il n'occupe ce poste que trois mois car son engagement contre la torture et pour une Algérie libre lui vaut un départ précipité pour Rio de Janeiro où il devient professeur de théologie. Lors de son séjour au Brésil, il prend conscience des problèmes du Tiers-monde: ouvriers sans salaire, paysans sans terre, favellas, des enfants des rues. Mais en 1960, son ordre et l'épiscopat brésilien exigeront son départ.
De retour à Montpellier, il fonde avec quelques frères le Centre Lacordaire, lieu théologique pour un dialogue entre laïcs et prédicateurs. Commence un travail avec la revue franciscaine "Frères du monde", laquelle est engagée avec le Tiers-monde et sera attaquée par Rome. Sa collaboration durera 10 ans jusqu'à l'arrêt définitif de la revue.
En 1961/62 il publie ses premiers livres, qui sont des recueils de prédications. Il écrit également des articles dans Témoignage Chrétien, et Le Monde. Il anime de nombreux colloques et conférences en Europe.
Soutenu par l'hebdomadaire Témoignage Chrétien, il prêche, en 1968, un carême sur le thème "Évangile et Révolution", hors église, dans la salle des meetings de la Mutualité à Paris. C'est "l'affaire Cardonnel". Il est interdit de parole et d'écriture hors des revues très spécialisées en théologie. Pour parler il lui faut l'accord de l'évêque du diocèse.
Un mouvement d'opinion en sa faveur se manifeste au Brésil et en Europe, qui intervient auprès de Rome, du maître de l'Ordre, des évêques français. L'ordre des franciscains le soutient, avec la revue "Frères des hommes".
Il sort de cette épreuve en homme libéré. Il publie "Dieu est mort en Jésus-Christ" sans autorisation de ses supérieurs, comme tout écrivain.
En 1975 il est au Portugal au moment de la Révolution des Oeillets.
Lors d'un séjour à la Réunion en 1979, il dénonce la tricherie électorale.
Il fait ensuite de nombreux voyages d'études: en Chine, en Russie, an Albanie, en Irlande, en Pologne, au canada, en Suède, en Afrique du Nord, au Nicaragua, en Thaïlande, en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Israël, en Éthiopie au moment de la famine, en Yougoslavie pendant la guerre.
En 1981, il effectue un carême de jeûne pour la faim dans le monde, dans le cadre de l'association Survie.
Après un dernier séjour au Brésil en 1986 par amour du pays et pour y revoir ses amis qui l'avaient soutenu, il partage son temps entre La Réunion et la métropole.
En 2002, au retour d'un voyage à La Réunion , il retrouve ses affaires déménagées de sa cellule du couvent de Montpellier. Il porte plainte contre son ancien prieur pour violation de domicile. Il obtient gain de cause en 2007. C'est la première fois qu'un tribunal français reconnaît que la cellule d’un prêtre est un domicile privé.
Son dernier acte politique fut, selon son amie et éditrice Sylvie Crosman, de dicter une lettre au président brésilien Lula, le 20 juin, dans laquelle il lui demandait de protéger l'avocat des sans- terre, dominicain comme lui, Henri Burin des Roziers. Le Père Jean Cardonnel, « dominicain rouge » mort le 4 juillet 2009 à Montpellier, a incarné tout au long du XXe siècle la contestation à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise.


 
Jean Pierre TORREL (1927- )
 

Jean Pierre TORREL a effectué son noviciat à la Province dominicaine de Toulouse, en janvier 1952. J’avais alors 25 ans. Il a accompli les sept années d’études institutionnelles à l’école de S. Thomas : à Saint-Maximin d’abord (1952-1957), puis à Toulouse (1957-1959) ensuite.
Titulaire d’un doctorat en théologie et d’un doctorat en philosophie, puis nommé Maître en théologie, il a exercé de nombreuses activités de recherche et d’enseignement, notamment comme membre de la Commission Léonine. Il a enseigné la théologie dogmatique à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg de 1981 à 1997.

Le Père Jean-Pierre Torrell est l’auteur de plusieurs centaines d’études et d’une trentaine de livres. Ses principaux travaux concernent la théologie de la révélation et la prophétie, la personne et l’œuvre de Pierre le Vénérable et, surtout, Thomas d’Aquin.

Par ses travaux, le Père Jean-Pierre Torrell a apporté une contribution décisive qui donne de mieux connaître la personne et la théologie de Thomas d’Aquin : le Père Torrell est l’un des principaux promoteurs d’une méthode renouvelée pour lire l’œuvre de Thomas d’Aquin.